Zinder

THÉMATIQUE 5: LES RACINES DE LA VIOLENCE

Chaque capsule pédagogique consiste à un entretien avec un membre de notre Cercle des Experts entre-coupé avec des extraits illustratifs du film Zinder. La courte durée (10 mins) permet au modérateur de faire visionner la capsule et mener un débat autour d’une thématique dans une séance d’une heure. En bas de page: des ressources supplémentaires, des questions pour stimuler le débat et une proposition d’activités.

La réalisatrice du film, Aïcha Macky nous a confié que l’apparition d’un drapeau de Boko Haram lors des émeutes de Zinder en 2015 a été l’un des facteurs qui l’ont alarmée et l’ont motivée à faire le film. Bien que la ville de Zinder n’ait pas été occupée par les forces de Boko Haram, il est préoccupant qu’elle ne devienne un terrain de recrutement – en particulier des quartiers comme Kara-Kara où des jeunes sans espoir et sans moyens de subsistance pourraient être sensibles à la proposition de nourriture, d’un abri et du sens. C’est bien ce qui s’est passé dans la région voisine de Diffa, à seulement 470 km à l’est de Zinder à la frontière nigériane, donc la menace est bien réelle.

Cette possibilité est évoquée dans certaines séquences du film, comme lorsqu’un expert est interviewé sur la radio locale suite à la saisie de carburant illégal, ou lorsque le barbier qui rase Siniya explique l’injustice avec laquelle les habitants de Kara-Kara sont traités par la police – des innocents étant arrêtés comme du bétail pour des crimes qu’ils n’ont pas commis – et qui conclut : ‘Je prie dieu pour qu’il fasse venir Boko Haram ici’ Haram ici’. D’un autre côté, il y a des séquences contrastées qui semblent suggérer que la communauté locale, y compris les membres de gangs, n’est que trop consciente des dangers de Boko Haram et ne veut pas qu’ils s’approchent. Par exemple, lorsque Siniya et des membres de gang regardent un lynchage et une lapidation par Boko Haram sur leurs téléphones, ils expriment leur dégoût.

Comprendre les racines de la violence, qu’il s’agisse de gangs ou de groupes radicaux, était l’objectif d’Aïcha. Ce qui en ressort, c’est que la violence n’a pas ses racines dans la religion (comme cela est si souvent décrit dans les médias occidentaux) mais plutôt dans des facteurs socio-économiques – la manque d’accès à l’éducation, la manque de formation pour des emplois qualifiés, l’absence d’opportunités d’emploi, l’absence de financement pour soutenir de l’entrepreneuriat.

Telles sont les questions soulevées par Ari Koutalé dans cette courte vidéo. Ayant travaillé au sein d’un centre UNICEF pour la démobilisation, le désarmement et la réinsertion (DDR) dans la région de Diffa, il constate que la radicalisation des jeunes n’a rien à voir avec l’idéologie et bien plus avec la pauvreté et l’absence totale d’opportunités.